Aujourd’hui plus que jamais, le rapport de force est le seul élément qui pèse vraiment sur la balance des relations internationales. Ceci est vérifiable en temps de paix comme en temps de guerre, et, invariablement, avec les partenaires et les adversaires.
Après la Seconde Guerre mondiale, les Alliés ont juré de tout faire pour éviter les guerres. Il faudra ajouter une précision chez eux : les conflits armés en Afrique, au Moyen-Orient, dans les pays du Golfe, en Afghanistan sont, disons-le, tolérés. Ils sont même engagés, sans état d’âme, lorsqu’il s’agit de défendre des intérêts stratégiques ou supposés comme tel.
Cette fois-ci, depuis que Poutine a envahi l’Ukraine, l’Europe est en état de choc parce que, entre autres, ça se passe chez elle.
L’Ukraine est un pays d’Europe de l’Est doté d’une position stratégique et de grands gisements. Au-delà donc du traumatisme ressenti par les Européens, dirigeants comme populations, le résultat immédiat de l’invasion de l’Ukraine est la hausse vertigineuse des cours du pétrole ainsi que ceux du blé. Actuellement, 344 euros la tonne, selon Euronext,contre 300 euros en décembre dernier. Cette folle envolée s’explique par le poids de la Russie mais également de l’Ukraine dans la production mondiale de blé.
La guerre, qui ne laisse derrière elle que désolation, deuil et des milliers, voire des millions de déplacés, « est un mal qui déshonore le genre humain », comme le disait l’écrivain et théologien français Fénélon. Rien n’a changé depuis le 17e siècle à nos jours.
Quelles qu’en soient les motivations, la guerre déshonore notamment celui qui l’engage. Sauf que, sans chercher de prétextes à quiconque, Poutine avait prévenu, et ce, depuis très longtemps,qu’il ne tolérera pas de sa précieuse voisine une adhésion à l’Otan. Il l’a dit de manière franche et sans détour, avant même qu’il n’ait la puissance militaire et politique d’aujourd’hui.
En effet, depuis qu’il avait été élu en 2000 président de la Fédération de Russie, Poutine s’est attelé à restaurer le prestige de son pays. Ses adversaires, avant ses amis, concèdent qu’il y a réussi.
Parallèlement et depuis le démantèlement du bloc des pays de l’Est, l’Otan n’a cessé de s’étendre, malgré la promesse faite par les puissances européennes de l’Ouest à Mikhaïl Gorbatchev qu’elles ne s’étendraient pas à l’Est. Or, de nombreux pays d’Europe orientale ont intégré, durant ces dernières décennies, l’Alliance atlantique militaire. L’Estonie, la Roumanie, la Pologne et la Slovaquie, pour ne prendre que ces exemples-là. L’Ukraine était en train d’entreprendre de sérieuses démarches en vue de devenir membre de l’Otan.
Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine, après avoir été comédien à succès, pensait, manifestement, qu’en s’appuyant sur l’Europe de l’Ouest, il pouvait défier son grand voisin. Cela nous amène à poser deux questions déterminantes : a-t-il mesuré la portée de l’engagement de ses « amis » envers son pays ? Et a-t-il bien pesé le rapport de force qui l’oppose à Vladimir Poutine ?